Le Jasmin et la coquille
Le Jasmin et la coquille
Fantôme de votre coeur dépeuplé,
de vos amours anorexiques,
le poison et l'eau sont accouplés,
et votre jasmin devient toxique.
Ce jasmin qui colorait votre coeur,
pour le que le rouge comble le vide.
A présent, la fleur dégouline et se meurt,
et l'opaque se mêle au livide.
Alors, agrippez vous à ma chair épaisse,
puisque vos yeux sont pleins de peines.
Que je couve, prés de ma graisse,
l'ovale chaleur d'une coquille pleine.
Enilf
L' Epice et le mazout
L'Epice et le mazout
Des contreforts aux archipels,
des philippines au pakistan,
j'étais un luxe que l'on appele,
le poivre, l'aneth ou le safran.
J'étais richesse dans les assiettes,
et inédit sous les papilles,
j'étais en poudre ou bien en miettes,
de basilic ou de vanille.
Mais à croquer à trop belles dents,
le rarissime et l'épuisable,
je devint quête pour l'occident,
pour le glouton, pour l'insasiable.
La fléche, l'épée ou la hallebarde,
habillèrent bient vite les milices,
qui découpèrent leurs camarades,
pour moi la douce et tendre épice.
L'épée s'est changée en dollars,
le cupide a changé son glaive,
les millions font place aux milliards,
et c'est l'humain qui perd ses rêves.
Je suis l'or noir du monde moderne,
je suis un divin sous la roche,
je suis le noir de la citerne,
je suis le noir au fond des poches.
Dans ton plastique, dans ton essence,
dans le creux de ta tête en friche,
je suis le luxe et l'indécence,
oublie le lieu mais pas le chiffre.
Guerre d'industrie, de politique,
je fais crever le besogneux,
pas de morale et pas d'éthique,
je rend avide, je rend teigneux.
Du bleu pétrole au billet vert,
voici l'humain sans la couleur,
coupé en deux, tête à l'envers,
l'un l'enculé, l'autre l'enculeur.
Conquête, richesse et génocide,
je suis le miroir que peu écoute,
de l'homme autiste, de l'homme avide.
Je suis l'épice ou le mazout.
Enilf
L'Andalouse au coquelicots
L' Andalouse aux coquelicots
Ces souvenirs qui nous échappent,
le rêve boiteux qui s'enchevêtre,
tous ces fantasmes qui nous rattrapent,
et la mémoire qui perd la tête.
On se rappel sans se rappeler,
sous les coupoles, sous les pupitres,
ces rêveries qu'on s'inventait,
de Barcelone à Point-à-Pitre.
Mon oeil écoute la mer qui mousse,
sur les grains fins du sable chaud,
près des peintures qui éclaboussent,
nos coeurs de pierre ou d'artichaut.
Ce grand tableau, puis la musique,
l'andalouse et le flamenco,
ce rouge flamboie et ce jaune pique,
la couleur vive du coquelicot.
Cette fille en fleurs qui là, me nargue,
laisse muette ma rouge gorge,
près de ses seins, je sent les vagues,
le bruit du blé, le gout de l'orge.
Ses talons claquent sur le tempo,
du rythme ardent que font les braises,
puis la fleur rentre dans ma peau
et dans mon coeur elle s'y punaise.
Je m'imagine les artifices
de l'andalouse au coquelicot,
près de mes bras, son maléfice,
nue sur les plages de Bilbao.
Enilf
La Chanson de l'homme sans sous
La Chanson de l'homme sans sous
Globe de vert, globe de bleu
Globe de terre, globe de feu
toi qui t'ulcere, toi qui te tord
toi qui t'agace à petit feu.
Un peu joyeux, un peu cocasse
toi silencieux où bien loquace
de l'est à l'ouest, du sud au nord,
pour que ton oeil soit perspicace.
Terre de roche, terre de souffre
toi qui t'émerge toi qui t'engouffre,
toi montagneux de prime abord
se rend sauvage et crée le gouffre.
Eau des torrents, eau des tempetes
toi l'impatience et la conquete,
tape la tête de bord en bord,
soudain la rage se fait poéte.
Feu de magie, feu d'artifice
lorsque ta flamme est un caprice,
brûle les frontiéres et les rebords
et n'en échappe que le délice.
Vent de marée et vent de plaine
souffle le sable et le pollen,
toi qui pourrait virer de bord,
sous officier et capitaine.
Souffleur de verre, souffleur de feu
ton souffle au coeur est pointilleux,
à toi petit cet âge d'or,
le paradis de nos aïeux.
Enilf